Premiers pas en terre inconnue

Publié le 27 Octobre 2013

Aéroport de Pékin, Chine

Aéroport de Pékin, Chine

9 heures, c’est quoi ? Une nuit de sommeil pour les plus chanceux, une bonne journée de travail, le trajet Nantes-Strasbourg en voiture, la durée d’un repas de famille – quand les oncles et tantes sont en forme – le temps passé devant la trilogie du Seigneur des Anneaux, ce que passe un individu lambda sur Internet chaque semaine – approximativement, bien sur. Ou bien la durée du vol Vienne-Pékin. Partis 17h40 heure européenne, arrivés 9h05 heure chinoise. Sur ces 9 heures, seules 3 furent réellement dédiées au sommeil – ou devrais-je à la sieste.

Après avoir englouti un panini-gaufre fromage-jambon-tomate et un verre de jus de pomme, nous amorçons la descente. Heureuse d’être au hublot, j’observe le paysage qui se dessine sous nos ailes – sous le regard envieux de la dame de la rangée voisine. Je constate que la pollution est telle qu’elle ne me laisse entrevoir qu’une partie de l’environnement. Une légère secousse et nous voilà à terre. Personne n’applaudit – ouf – mais je donne volontiers un notre de 8/10 à notre pilote.

Ni une, ni deux, à peine descendue de l’avion, je double tout le monde. Mes pas vont au rythme de mon cœur qui bat la chamade. Autant vous dire que je pousserais qui se met sur mon passage s’il le faut. Premier arrêt : contrôle des passeports. Un léger mais sincère pincement se fait au niveau de mon cœur, mais tout se passe bien. Je dévale les escalators et me faufile dans la navette qui mène au terminal – parce que quand on croit être arrivés, il y a encore une étape. Deuxième arrêt : ma valise. Comment le temps paraît long ! J’en repère les anses, l’attrape et reprends ma course folle. Troisième – et dernier – arrêt : la douane. Finalement, la jeune fille - que je tiens à remercier personnellement - me fait signe de passer directement.

Ça y est, je l’ai fait. Me voilà dans le terminal. Mais je ne le vois pas. Alors que je tente de calmer mon cœur qui bat à rompre, il surgit une rose à la main et fait alors disparaître toutes les inquiétudes.

Quelques minutes plus tard, je prends place à ses côtés dans le métro pékinois. Tout est nouveau et je ne me lasse pas d’observer les moindres détails, les gens. Pour la première fois de ma vie, j’ai la réelle impression d’être une totale étrangère – il faut dire que ça se lit directement sur mon visage, sans même parler de la barrière linguistique. Mes camarades de l’université me demanderaient alors : « Est-ce un contact de langue ? » et je leur répondrais le plus sincèrement du monde que non – étant donné mes faibles capacités en la matière.

Mais passons. Près d’une heure s’est déjà écoulé et nous arrivons à l’entrée de Beida, l’Université de Pékin par excellence – et par ailleurs, la meilleure de Chine. Deux choses me frappent au premier abord : la grandeur. Que ce soit les bâtiments, les rues, le nombre de personnes dans les rues. Mais attention ! Rien à voir avec les USA – surtout pas. La capitale chinoise s’impose. L’autre impression – à laquelle on ne peut échapper : la pollution. Les Européens sont des petits joueurs en la matière, mais j’y reviendrai.

Je découvre ensuite le Zhongguan Global Village, la partie du campus exclusivement réservée aux étrangers – les asiatiques réclament cependant souvent de vivre ensemble et séparés des occidentaux. Dans le bâtiment 5, quatrième étage, me voilà rendue de l’autre côté de la caméra – Skype m’avait donné une vision plutôt fidèle. Sans trainer – et après m’être déchargée de tous poids – nous retrouvons la rue principale. Sur cette Silicon Valley pékinoise, c’est dans une petit bouiboui que je déguste mon premier repas chinois : des baozi à la viande et aux légumes. Le temps de reprendre mes aises avec les baguettes et je savoure – le maniement vient avec l’appétit !

Repue et heureuse, je foule les pavés chinois parmi les chinois et tente de déchiffrer les caractères présents aux alentours. Ma première visite ? Carrefour ! Le contraste me laisse à la fois perplexe – leurs snacks laissent à désirer – et amusée. Je cherche les produits les plus étranges et tombe sur des bacs de viande dont la fraicheur n’est plus à prouver, des rayons de gâteaux étranges – les Chinois ne sont décidément pas les rois du sucré - des produits étrangers à un prix exorbitants. D’ailleurs, saviez-vous que le Nutella était polonais ? C’est du moins ce qu’indique l’étiquette du produit. Les vins sont quant à eux tous français – les clichés se perpétuent jusqu’à l’autre bout du monde. Nous partons finalement pour un ice-tea chinois dont je deviendrai rapidement accro et des pâtes de fruits en tube.

Retour dans le métro. Me voilà désormais en possession d’une carte ! Je découvre les règles du subway chinois : passer son sac aux rayons X à chaque trajet, ne jamais laisser d’espace entre soi et la personne devant – au risque de toujours se faire doubler – être vif et rapide pour monter dans la rame et ne pas se laisser marcher sur les pieds. Dans cette jungle, il n’y a pas de place pour les faibles. La seconde mission est d’avoir un œil de lynx pour repérer une place libre et se ruer dessus afin de se l’accaparer. Je n’ai alors encore aucun de ces automatismes et je me sens légèrement dépassée par toute cette brutalité. Mon guide est mon seul point de repère et je m’y attache fermement.

Entrée du palais d'Été, Beijing, Chine

Entrée du palais d'Été, Beijing, Chine

Première visite, première claque. Nous arrivons au Palais d’Été et je suis sous le charme. Je m’émerveille devant chaque détail, chaque personne. Tickets achetés, appareil photo en main, je suis prête. Je passe la première porte, contemple l’architecture et ses couleurs harmonieuses et enchaine les photos. Je veux garder un souvenir de tout. Quelques marches et une vue magnifique plus tard, le temple de Bouddha s’impose sous mes yeux.

Nous continuons notre balade, entourés de très nombreux chinois. Le dépaysement est total. Il est 15h, la pollution est relativement forte. En conséquence, il est difficile de voir au loin et le soleil commence déjà à décliner. J’escalade un rocher et ce que je vois me laisse sans mot. La vue sur le lac Kunming est incroyable – même malgré cette brume épaisse. Je descends ensuit les escaliers et tombe sur une longue promenade. À droite, un couloir dont les côtés sont recouverts de peintures toutes différentes. Au bout, un bateau de marbre sur lequel certains s’aventurent. Sur ma gauche, une allée bordée d’arbres longeant le lac. Au loin, nous apercevons le fameux Canard – dont l’exposition se termine aujourd’hui même. Pas de temps à perdre, nous prenons la route qui nous y mène.

Palais d'Été, Beijing, Chine
Palais d'Été, Beijing, Chine

Palais d'Été, Beijing, Chine

Sur le chemin, mes yeux passent du paysage aux passants et des passants au paysage. Main dans la main, nous avançons doucement mais surement parmi tous ceux qui, comme nous, profite du lieu pour cette balade dominicale. Et soudain, il est là. Devant moi. Gigantesque et d’un jaune puissant. Comme toute personne qui se respecte, je me fais prendre en photo devant – mais je vous épargne cette vision.

La nuit est presque tombée et la chaleur fait de même. Alors que nous prenons la route du retour, une dame se plante devant nous et nous répète – encore et encore – en anglais qu’il faut que nous fassions attention aux arnaques. Nous nous regardons, perplexes, et reprenons notre marche. Il est finalement temps pour moi d’expérimenter le bus chinois ! Il n’est pas sans rappeler celui de Lituanie à la différence qu’une dame parle dans un micro et que je ne pipe mot.

« 北京大学东门 » est notre arrêt. Mes pieds foulent pour la première fois le campus de Beida, l’Université de Pékin. Plus qu’un campus, il s’agit d’une véritable petite ville au cœur même de la capitale : parc, lac, pagode, cantines, salle de spectacle, librairie, magasins… Le tout est immense et sans lui, je me perdrais sans doute. Très impressionnée je suis, mais envieuse je suis encore plus.

Il est 18h, l’heure de manger ! Car ici, le dîner a généralement lieu entre 17h et 18h. Cela peut sembler étranger au premier abord, mais croyez moi, on s’y fait très vite. Nous entrons dans une des cantines et nombreux sont les étudiants déjà à table. Je me balade le long des tables à la recherche du dîner idéal et finis par me décider pour une assiette de riz avec de la viande et des légumes. Le temps de récupérer des baguettes, de payer – un prix dérisoire pour la quantité de mon point de vue – de trouver une table et nous nous installons.

Première bouchée, mes yeux s’ouvrent en grand – et je lutte pour que ma bouche ne fasse pas de même. Les épices réveillent mes papilles. Plus que de peur que de mal, je m’habitude et mange de bon appétit. Soudain – et alors que ma bouche est littéralement en feu – je réalise que je viens d’ingurgiter un petit piment rouge. Je sens mes joues chauffer et les larmes me monter aux yeux. Le riz chaud ne fait qu’empirer ma condition et je cherche à tout prix le moyen de calmer cet incendie. Rien à faire. Il me faudra une bonne demi heure pour retrouver une température normale. Tandis que je maudis ma bêtise, je me promets intérieurement : « Plus jamais ! ».

Lac Kunming et son Canard géant, Beijing
Lac Kunming et son Canard géant, Beijing

Lac Kunming et son Canard géant, Beijing

Rédigé par Bouriaud Manon

Publié dans #北京

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J
They are mad in China...
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