Quand est-ce qu'on arrive ?

Publié le 16 Septembre 2017

Sommeil ? En stock. Sac ? Prêt. Petit-déjeuner ? Englouti. Un dernier coup d'oeil à ma chambre, et je suis fin prête pour cette nouvelle escapade qui m'attend. "Rien de mieux pour aimer Moscou que de la quitter régulièrement", m'a un jour dit l'un de mes rares collègues français installés dans la capitale depuis bientôt 6 ans. Je ne pourrais être plus d'accord. 

À 11h15 tapantes, Marat se gare en bas de chez moi et Clémence nous rejoint. La joyeuse compagnie s'installe à bord du bolide de mon camarade tatare et met le GPS en route. T-O-U-L-A. Le choix de notre destination ne s'est pas fait par hasard. Dans ma to-do list - bon d'accord, dans l'une de mes to-do list - les noms de Toula et Yasnaïa Poliana figurent depuis bien longtemps. Trop longtemps. La première est une ville de taille moyenne à quelques centaines de kilomètres au sud de Moscou. La deuxième est le nom du domaine où vécut Léon Tolstoï pendant de nombreuses années de sa passionnante vie. 

Le temps est de la partie, l'humeur et le moral au beau fixe. Tout roule. Sauf notre voiture, justement. Nous n'échapperons pas aux encombrants bouchons moscovites. Pour distraire et calmer notre conducteur, je n'hésiterai pas à passer ses morceaux de jazz favori - histoire de nous assurer une arrivée à destination en douceur. 

Pause sourire.

Pause sourire.

Une heure. Deux heures. J'ai perdu ma patience depuis déjà une bonne vingtaine de kilomètres. Alors quand j'apprends que l'on vient de faire un énorme détour pour rejoindre la datcha de Yulia - une amie-collègue de Marat - je suis un poil exaspérée. Mauvais timing, mon ventre commencer à crier famine. 

Ce n'est pas sans un immense soulagement que nous arrivons dans un village dont le nom me fait déjà défaut. On se rue dans la cuisine pour dévorer notre déjeuner, non sans avoir salué le père de notre hôte, père qui nous lance fièrement dans un français presque sans accent "Chercher la femme !". Vous m'avez l'air tout à fait sympathique, mais on va garder nos distances. Juste au cas où.

Maintenant que j'ai fini de râler, je suis disposée à apprécier à sa juste valeur cette sublime datcha toute en bois et dont le jardin recèle d'innombrables merveilles comestibles. Mate-moi ce beau bouquet de coriandre ! 

Les citadins à la campagne.
Les citadins à la campagne.

Les citadins à la campagne.

Ce sont les poumons pleins d'air frais que nous reprenons le tracé en direction de Toula. Plus un bruit dans l'habitacle, la fatigue se fait sentir à tous les étages. 

Sur la rue Sovetskaya, à seulement 10 minutes à pied du Kremlin, nous mettons les pieds dans notre logement pour la nuit. Coucher de soleil et musique. Rien de mieux pour se mettre en jambe avant une petite balade nocture dans les rues sombres de la ville. 

Quand est-ce qu'on arrive ?
Quand est-ce qu'on arrive ?
Quand est-ce qu'on arrive ?
Quand est-ce qu'on arrive ?
Quand est-ce qu'on arrive ?
Quand est-ce qu'on arrive ?
Quand est-ce qu'on arrive ?
Quand est-ce qu'on arrive ?
Quand est-ce qu'on arrive ?

Kremlin, photos, cathédrale, photos, rempart, photos, nos trombines, photos. Une fois la mémoire de nos cellulaires saturée par nos divers clichés, on se réfugie dans un bar intitulé "3 soeurs" - sans doute en hommage à l'oeuvre éponyme d'un certain Tchekhov. 

Quand est-ce qu'on arrive ?
Quand est-ce qu'on arrive ?

Ca ne se bouscule pas à l'intérieur, mais l'ambiance y est malgré tout sympathique. Et puis, deux Françaises et un Russe de Moscou, ça fait toujours son effet, et il faut savoir en tirer profit. 

Sur le chemin du retour - légèrement éméchée - je tente de convaincre mes deux acolytes de poursuivre cette soirée si bien commencée dans la boite miteuse sur l'autre trottoir dont la musique s'échappe par les fenêtres. Sans doute pour le mieux, nous rejoignons finalement nos quartiers. Et c'est le moment où les ronfleurs entrent en scène.

Rédigé par Bouriaud Manon

Publié dans #Россия

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