L'étrange découverte de Barnaoul

Publié le 26 Juillet 2017

Soleil. Bruit de pas sur le gravier en bas de notre fenêtre. Sentiments de repos. Parfait trio pour bien commencer la journée. En musique, nous faisons nos sacs pour la dernière - vraie - fois. Sortez les violons, une courte pause mélancolie s'impose.

Mais où est le gros sac de Manon ?

Mais où est le gros sac de Manon ?

À 10h30, nous sommes dehors, plus chargés que jamais et - légèrement - alourdi par un cadeau-souvenir de la propriétaire de l'appartement. À 14h, nous sommes installés aussi confortablement que possible dans un vieil autobus. C'est parti pour environ 4 heures de route en plein cagnard. 

L'étrange découverte de Barnaoul
L'étrange découverte de Barnaoul

Malgré les somnolences et la musique, ce trajet me paraît toutefois bien long. Je ne suis donc pas mécontente de voir se dessiner les courbes industrielles et mornes - mais colorées - de Barnaoul à travers la fenêtre de mon voisin endormi. Mais à peine sortie du bus, j'ai comme le pressentiment qu'elle ne va pas beaucoup me plaire, cette ville sibérienne.

Nos immenses sacs largués à la conciergerie, nous voilà libre comme l'air pendant 7 heures avant de prendre le fameux train pour Moscou. Sept heures, c'est long. Très très long. 

Nous débutons notre visite improvisée par l'axe principal de Barnaoul qui part des quartiers nord  de la ville, proches de la gare, pour s'étendre jusqu'au port municipal, notre - unique - objectif. Nous effectuons une escale obligatoire devant un bâtiment officiel devant lequel trône l'habituelle statue de l'ami Lénine. 

Et c'est finalement au bout de cette interminable avenue que l'on débouche sur le port. Déception au rendez-vous. C'est industriel et gris au possible, aucun vraie espace de détente et loisirs n'y est aménagé, en dehors d'un château gonflable multicolore. Ce qui n'empêche pas des groupes de sexagénaires - torse-nu pour la plupart - de s'exhiber sous un soleil à peine visible. Leurs corps ont déjà été noircis par d'innombrables heures passées à bronzer au bord de l'eau sale. Une bière dans la main, ils parlent fort et les donzelles, perchées sur leurs hauts talons, marque de bronzage apparente, se pavanent.

Je ne parviens pas à réfréner un rire nerveux. Vite passons.  

Le port-fantôme soviétique de Barnaoul et ses curiosités © Louis Mondot
Le port-fantôme soviétique de Barnaoul et ses curiosités © Louis Mondot
Le port-fantôme soviétique de Barnaoul et ses curiosités © Louis Mondot
Le port-fantôme soviétique de Barnaoul et ses curiosités © Louis Mondot
Le port-fantôme soviétique de Barnaoul et ses curiosités © Louis Mondot

Le port-fantôme soviétique de Barnaoul et ses curiosités © Louis Mondot

Quelque peu dépités par le cruel manque de lieux sympathiques pour se poser, nous optons pour une terrasse au bord du fleuve. Mauvaise idée. En plus de la musique extérieure, nous profitons en parallèle d'une animation musicale à l'intérieur du restaurant-salle de spectacle destinée à faire bouger les quelques babouchkas venues spécialement pour l'occasion.

Clou du spectacle, notre voisine n'est autre qu'une jeune maman vêtue d'une longue robe d'été noire dont elle fait tomber bretelle gauche afin de donner le sein à son nourrisson. Impossible de louper les grosses lunettes rondes qu'elle arbore, ainsi que ce bob noir subtilement orné de feuilles de cannabis. Mais où sommes-nous ? 

© Louis Mondot
© Louis Mondot
© Louis Mondot
© Louis Mondot
© Louis Mondot

© Louis Mondot

Bien que très en avance, nous ne tardons pas à rejoindre la gare à pied et à faire une escale pour collecter les vivres nécessaires à notre survie pour les deux jours et trois nuits de voyage en train à venir. 

Et voilà. Un coupé - compartiment de 4 personnes dans le train. Une banquette inférieure, et une supérieure. Plus de 3 000 km à parcourir. Et ce sentiment profond qui me dit de ne pas partir. 

Rédigé par Bouriaud Manon

Publié dans #Россия

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